L’accroissement exponentiel des échanges numériques a pour indéniable effet de générer des flux considérables de données qui, lorsqu’elles sont correctement exploitées, permettent de dégager statistiques, conclusions, et bien sûr solutions : tels sont les enjeux actuels du « big data ».

Dans cette lignée, une récente étude Altares se propose de faire le point sur l’évolution des délais de paiement des entreprises et des administrations.

Précision liminaire, qui va d’elle-même, mais qui va mieux en l’écrivant : le retard de paiement est défini comme tout paiement effectué au-delà du terme convenu contractuellement[1].

Première conclusion du rapport : les retards de paiement sont historiquement bas en France, puisqu’ils sont passés sous la barre des 11 jours au 1er et 2ème trimestres 2017.

Le secteur privé fait figure de bon élève en la matière, en réduisant de près d’une journée leurs retards de paiement. Le premier de la classe est le secteur du bâtiment qui paie 60% de ses factures dans les temps.

Côté secteur public, le constat est en demie teinte, avec un léger allongement du retard moyen de paiement pour les services déconcentrés de l’Etat, passés de 12,2 jours au 1er trimestre, à 12,9 jours au deuxième.
Les plus touchés restent les départements avec un retard moyen en légère augmentation, qui s’établit désormais à 13,2 jours.

Les communes restent pionnières avec un retard moyen stable à 7,1 jours.

A l’échelle de la géographie nationale, ce sont les régions Nouvelle Aquitaine et Bretagne qui sont en tête avec plus de 50% des factures émises payées sans retard, tandis que l’Île-de-France peine à dépasser les 30%. Les cas les plus préoccupants se trouvent toutefois dans les territoires d’Outre-Mer, où les taux de paiement respectant les délais contractuels oscillent entre 15 et 20%.

Enfin, à l’échelle européenne, la France affiche 43,4% des structures réglant leurs factures sans retard, derrière l’Allemagne (64,6%), les Pays-Bas (62,5%) et l’Espagne (53,1%).

L’exploitation de ces données est intéressante à un double titre. Tout d’abord, le rapport fait ressortir une corrélation entre les retards de paiement, et l’augmentation de la probabilité de défaillance. Il ressort en effet qu’une fois dépassé le seuil de 30 jours de retard, la probabilité de défaillance du fournisseur est multipliée par 6, et par 11 à partir de 69 jours de retard.

Ensuite, il sera intéressant de surveiller l’évolution des retards de paiement suite à la démocratisation de la facturation électronique, censée abaisser les délais de paiement, et dont la généralisation est prévue pour l’année 2020.

Ces données seront d’autant plus à surveiller si le délai global de paiement est abaissé à 20 jours pour les organismes publics, tel que cela avait été annoncé en 2012 dans le cadre du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés.

 

Altares, comportements de paiement des entreprises et organismes publics en France et en Europe

[1] Définition utilisée pour l’étude, conforme à la définition retenue par les institutions européennes, notamment la directive 2011/7/UE