L’acheteur peut à tout moment – jusqu’à la signature du marché public – décider de ne pas donner suite à la procédure de passation, mais attention à la justification !

Déclarer sans suite, telle est la décision d’une commune après avoir lancé une consultation pour la passation d’un marché public de travaux de réhabilitation en raison de vices affectant la sécurité juridique. Voilà une situation finalement assez commune… sauf que cette fois le juge a été saisi par un des candidats à la procédure pour demander l’annulation de la décision de déclaration sans suite (don’t stop me now).

Un abandon de la procédure est toujours possible.

S’il est toujours possible de mettre un terme à la consultation d’un marché avant sa signature, cela doit néanmoins se faire dans les bonnes conditions.

L’article R. 2185-1 du code de la commande publique impose à l’acheteur d’informer, dans les plus brefs délais, les opérateurs économiques ayant participé à la procédure qu’il ne sera pas donné suite à cette procédure et d’indiquer les raisons pour lesquelles il a pris cette décision.

En l’occurrence, plusieurs motifs peuvent justifier l’abandon d’une procédure, des motifs économiques, des motifs fondés sur le besoin de l’acheteur ou encore des motifs d’ordre juridiques et techniques. Dans ce dernier cas la fiche de la DAJ relative à l’abandon de la procédure cite comme exemple une contradiction entre le CCAP et le RC ou des erreurs dans les exigences techniques de l’acheteur.

Un défaut de justification entraine des sanctions !

Finalement ce choix de déclarer sans suite est discrétionnaire et le juge ne sanctionne que les irrégularités manifestes, notamment, l’absence de justification du recours à une telle décision d’abandon.

Dans le cas d’espèce, c’est bien la justification qui a fait défaut. En effet les juges précisent que la commune n’a pas indiqué dans son courrier d’information, « même si elle n’était pas tenue d’en donner la liste détaillée, la dénomination générique des vices relevés ».

L’entreprise requérante est donc fondée à considérer que la décision attaquée, à savoir la déclaration sans suite, ne répondait pas aux exigences de motivation et donc à demander son annulation.

En somme, s’il n’est sans doute pas utile de justifier la décision de déclaration sans suite via un inventaire à la Prévert, il reste primordial d’énoncer au moins le motif générique qui justifie le risque juridique et donc l’abandon de la procédure.

CAA de MARSEILLE, 6ème chambre, 13_09_2021, 20MA03415, Inédit au recueil Lebon